On a tous besoin d’un ami

Sigrid Nunez est lauréate du prestigieux “National Book Award 2018” (USA) avec le livre “L’ami”.

L’auteure nous entraîne dans un roman hybride, un roman qui mélange plusieurs styles d’écritures. Les américains appellent ce genre de roman “essayistic”. Nous avons une trame de fond qui va permettre à l’écrivaine des digressions diverses et variées très réussies.

La narratrice vient de perdre son meilleur ami, ce dernier s’est suicidé il y a peu. Le choc est rude, depuis plus de trente-cinq ans ils partagent tous : leurs doutes d’écrivains, la réalité sans phare des professeurs de littérature, leurs peines de cœur, tout ce qui nourrit une longue et profonde complicité.

Quand l’épouse numéro trois la contacte pour lui demander de prendre le chien, elle est prise de cours. Bien entendu elle adore les animaux mais son contrat de bail et l’immeuble n’autorisent pas les chiens alors un danois qui fait un mètre au garrot et le poids d’un homme, c’est totalement improbable.

Pourtant Apollon vient s’installer dans ce minuscule appartement de Manhattan, ensemble ils vont parcourir les parcs et partager leur peine. Le deuil touche les animaux autant que les humains. D’ailleurs que savons-nous réellement de ce que ressentent nos compagnons domestiques?

“De quoi lui parlé vous? M’a demandé le psy?

La plus part du temps, ce sont des questions que je lui pose. Quoi de neuf, petit? C’était bien cette sieste? Est-ce que tu courais après quelque chose dans ton sommeil? Tu veux sortir? Tu as faim? Tu es heureux? Ca te fait mal ton arthrite? Pourquoi tu ne joues pas avec les autres chiens? (...) Tu m’aimes toujours? Ca se voit que j’ai bu? J’ai l’air grosse dans ce jeans?”

Ce fil rouge va nous emporter dans des explorations sur l’amitié, le deuil, les relations entre humains et animaux, l’avénement du politiquement correct qui enlève sa substantifique moelle aux travaux des étudiants. Une foule d’auteurs vont participer à ces débats Ackerley, Rilke, Veil, Proust, Alexievitch, Nabokov, Kundera....

La suite de la chronique sur le site web de @jaipiscineavecsimone

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