Hanta et sa presse à papier

Une trop bruyante solitude, écrit par Bohumil Hrabal, est considéré comme un chef d’œuvre de la littérature tchèque. Je confirme. L’auteur est aussi populaire en son pays que son compatriote Milan Kundera.

Nous rencontrons, Hanta, qui depuis 35 ans vit avec sa presse à papier dans les sous-sols d’un immeuble de Prague. Nous sommes après la guerre. Cet ouvrier sans instruction, va grâce à cette presse, être amené à lire tous les livres interdits par le pouvoir. Toutes les œuvres destinées au pilon, il prend le temps de les ouvrir et de se plonger dans leurs phrases.

Hanta est un orfèvre de la presse, au milieu des déchets il glisse du Kant, le Talmud, un volume de Lao Tseu. Et l’emballe dans des reproductions de Van Gogh ou d’autres maîtres. Les déchets tombent depuis le toit en verre de l’atelier, dans ce tas de détritus viennent s’abriter des colonies de souris, compagnes du vieil homme.

C’est aussi son histoire d’amour étrange avec une Tzigane à l’aube de la guerre, qui un soir disparaîtra.

C’est l’avènement du travail à la chaîne et de l’obsolescence de celui de Hanta.

Un livre poétique, un cri d’humanité. À l’heure où le totalitarisme est à nos portes, il est toujours intéressant de ne pas oublier.

Bohumil Hrabal, Une trop bruyante solitude, 121 pages

Previous
Previous

L’énigme Foenkinos

Next
Next

Le bouquiniste Mendel