Duras or not Duras - The answer is Virginia Woolf
Voici deux incontournables de la littérature.
J’admire la prose des deux.
Nous entrons dans deux nouvelles complètement différentes.
Woolf nous entraîne dans les rues de Londres, par une soirée d’hiver, qui est pour elle, un moment de méditation puissant. Elle estime important de pouvoir sortir de chez soi avec un but aussi simple que de s’acheter un crayon à papier. Que ce moment permet de percevoir le monde avec plus d’intensité, une acuité accrue.
Digne héritière de Thoreau, en version citadine, elle nous parle de l’importance de marcher sans but, juste d’être présent au monde.
Mon vrai moi est-il celui qui se trouve sur la chaussée en janvier, ou celui qui se penche au balcon en juin ? Suis-je ici ou suis-je là ? Ou est-ce que le vrai moi n'est ni ceci ni cela, ni ici ni là-bas, mais quelque chose de si varié et de si fluctuant que c'est seulement lorsque nous donnons libre cours à ses désirs et le laissons faire sans entraves, à sa guise, que nous sommes vraiment nous-mêmes?
Duras, est présente à son environnement de façon sensuelle, sexuelle et violente.
Elle dira que seule une personne qui a vécu une telle passion est capable de la relater.
Cette femme couchée au soleil sachant que l’homme la regarde, sent le pouvoir érotique de son regard sur sa peau et en jouit intensément. Lui aussi. Tout est dans cette écriture, le plaisir, l’amour, la haine.
Elle n'aurait rien dit, elle n'aurait rien regardé. Face à l'homme assis dans le couloir sombre, sous ses paupières elle est enfermée. Au travers elle voit transparaître la lumière brouillée du ciel. Elle sait qu'il la regarde, qu'il voit tout. Elle le sait les yeux fermés comme je le sais moi, moi qui regarde. Il s'agit d'une certitude.
Le reste est à découvrir à travers leurs mots, leurs musiques, respectives.
Marguerite Duras, L’homme assis dans le couloir, éditons de minuit, 35 pages
Virginia Woolf, Au hasard des rues, éditions interférences.