Les Mandible

Cette lecture m’a perturbé...

Ce roman écrit en 2016 à la fin de l’ère Obama, se voulait dystopique.

Les critiques de l’époque saluent, le créativité et l’humour de Lionel Shriver, son talent de conteuse (oui c’est une femme).

A le lire en 2020, alors que Trump termine son mandat, dans un climat de pandémie mondiale qui pose de sérieuses questions étiques, je me dis que nous ne sommes plus très loin de cette histoire.

En 2029, le premier président hispano-américain est au pouvoir et décide d’arrêter les remboursements de la dette américaine. L’inflation galope, les magasins sont vides et les gens perdent leur travail les uns après les autres. Dans ce climat sous haute tension, nous entrons dans la vie de la famille Mandible.

Tous regardent vers l’AGH (l’arrière grand homme) de la famille, Douglas, qui a 95 ans, gère la fortune familiale.

La récession va redistribuer les cartes de la richesse, même au sein de la famille et tous finiront sous le même toit, contraints et forcés de faire contre mauvaise fortune bon cœur.

Les échanges entre les quatre générations qui se côtoient avec plus ou moins d’affinité, sont drôles, richement dépeint. Les profils psychologiques poussés sont truculents. On s’y voit. Les références économiques sont impressionnantes.

À la suite des nombreux décès causés par les bactéries résistantes aux 
antibiotiques – dont l’une des souches avait entraîné la mort de la mère
 de Willing –, des codes sociaux moins intimes s’étaient imposés. 
Esquisser une poignée de main vous trahissait immanquablement comme un 
yeurk passéiste. Dans le même ordre d’idées, les bises étaient tout 
aussi féroces, et s’il vous prenait l’envie d’essayer de dire bonjour à 
une connaissance en l’embrassant, vous vous en seriez probablement mangé
 une. Willing et sa cousine se saluèrent d’une légère tape sur l’épaule.

Alors oui, c’est dystopique, mais je vous garantis que vous ne lirez pas les 250 premières pages sans un regard dans le miroir avec la chair de poule qui vous couvre les bras.

Et vous espérerez, qu’un état libre comme le Nevada sera là pour vous accueillir le cas échéant.

Qu’est-ce que la richesse?

L’état est-il tout puissant, peut-il devenir totalitaire sans aucune révolte pour le contrer?

Sommes-nous si serviles?

Il n’y a qu’à regarder l’histoire pour trouver la réponse.

Je recommande vivement ce roman!

La famille Mandible, Lionel Shriver, 2017, 635 pages

Previous
Previous

Il Modifie leurs vies

Next
Next

Un ovnis produit à la pointe bic